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HIBISCUS : ดอกชบา – 1/3 hibiscus mutabilis

 

HIBISCUS : ดอกชบา – 1/3 hibiscus mutabilis

 

Hibiscus mutabilis - Hibiscus Rosa Sinensis - Hibiscus Sabdariffa    

ชบาพุดตาน (put-tarn) – ชบาขาว (Chaba-Khao) – กระเจี๊ยบแดง (kra-chiap-deng)

 

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Photo 1 : La fleur d’un hibiscus mutabilis flora plena. (Hibiscus mutabilis (Roxb.) Linn.)

Photo 2 : La fleur d’un hibiscus rosa sinensis. (Hibiscus rosa sinensis Linn.)

Photo 3 : La fleur d’un hibiscus sabdariffa.

 

Généralités sur la famille des Malvacées :

 

L’hibiscus appartient à la grande famille des ‘’malvacées‘’ ou ‘’malvaceae‘’ que créa en 1789 Antoine Laurent de Jussieu (1748-1836). Le nom de ‘’malvacées‘’ a été composé à partir du nom de la plante qui sert de référence à cette famille, c’est-à-dire … la mauve.

 

Cette famille répertorie des arbres, des arbrisseaux et des herbes qui tous sont des plantes dicotylédones, c’est-à-dire dont la graine donne naissance à deux feuilles.

 

La famille des ‘’malvacées comptait alors en son sein plus d’une trentaine de familles secondaires dont la XIème avait été nommée la sous-famille des ‘’Hibiscées‘’ ou ‘’Hibisceae‘’, un nom formé à partir de … hibiscus.

 

En 1824 le suisse Augustin De Candolle (1778-1841), et quelques autres avant lui, peaufinèrent ce classement de 1789. Alors la famille des ‘’malvacées‘’ se divisa en une cinquantaine de familles secondaires, dont les ‘’Hibiscées‘’ qui eux-mêmes se subdivisaient en quatre groupes : les hibiscus, les thespesia, les gossypium et les fugosia.

 

Au cours des siècles, cette classification n’a pas cessé d’être revue et corrigée pour mille et une raisons. Alors comme il est bien difficile pour un amateur de suivre l’évolution de ces recherches botaniques, restons en à la famille des ‘’malvacées‘’ telle qu’elle était définie dans ses grandes lignes, au siècle dernier, et qui sont encore d’actualité.

 

D’après les botanistes d’alors les membres qui appartenaient à la famille des ‘’malvacées‘’ avaient la particularité :

 

1/ De posséder des racines, feuilles et fleurs aux propriétés adoucissantes, émollientes, et secrétant un suc mucilagineux. (*) Ce sont donc des plantes médicinales.

2/ D’avoir une écorce pouvant fournir des fibres susceptibles d’entrer dans la confection de certains textiles comme, par exemple, les voiles de bateaux.

 

(*) Le mucilage est une substance végétale utilisée, dans le cas présent, comme laxatif doux.

 

Cependant la fleur de la mauve et celle de l’hibiscus diffèrent par le tube que forment les étamines de la fleur de l’hibiscus. Cette colonne … ‘’androcéenne‘’, particulière aux hibiscus, a son sommet tronqué, et présente cinq dents à son extrémité. C’est au travers d’elle que passe le style de sa fleur.

 

En raison de cette particularité il n’est pas rare d’entendre la sous-famille des ‘’Hibiscées‘’ se faire appeler ‘’columnifère‘’ c’est-à-dire la famille des fleurs ‘’porte-colonne‘’.

 

 

Aujourd’hui la famille des malvacées couvre pratiquement toute la surface du globe mais plus particulièrement les régions chaudes, c’est-à-dire surtout les aires tropicales ; elle compte plus de 1.350 espèces qui se répartissent en plus de 150 genres dont le genre Hibiscus L. qui lui, regroupe plus d’une centaine d’espèces dont : l’Hibiscus mutabilis – l’Hibiscus Rosa Sinensis et l’Hibiscus Sabdariffa.

 

Ce sont ces trois espèces que nous allons mettre en lumière ; que leurs cousins nous pardonnent mais il nous fallait faire un choix et le choix a été fait en fonction des hibiscus le plus fréquemment rencontrés à … Chiang-Maï.

 

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          Quelques illustrations parmi les plus anciennes de l’hibiscus mutabilis.

Ces illustrations sont extraites de l’œuvre de Giovanni Bapttista Ferrari (1584-1655)

Intitulée : ‘’Io Bapt. Ferrarii Senensus E societate iesu de Florum cultura libri IV‘’ – Florum V sus Admiranda. (page 479)

Nota bene : La plante est nommée ‘’Rosa sinensis‘’ mais la forme des feuilles suffit à affirmer qu’il s’agit d’hibiscus mutabilis, seulement voilà en 1633 cette plante n’avait pas encore de nom propre, chaque botaniste la nommait selon les informations qu’il détenait !....

 

Le genre hibiscus :

 

Le genre hibiscus (Hibiscus L., Sp. Pl., 693) a été créé sous la plume du Suèdois Car von Linné (1707-1778) à l’occasion de la parution de son ‘’Species plantarum‘’ volume 2, paru le 1er mai 1753 et imprimé à Stockholm.

 

Le mot hibiscus vient du grec ‘’hibiscos‘’ (ἱβίσκος) un mot qui servait à désigner indifféremment la mauve ou la guimauve, car à l’époque tout un chacun confondait ces deux plantes, dont les feuilles et les fleurs prêtaient à confusion.

 

Le grec Pedanius Dioscoride  (20/40 av.JC/vers 90) tout à la fois médecin militaire, botaniste et pharmacien écrivait dans son livre 3 au chapitre 146 que la guimauve était tout aussi bien désigné par le terme d’hibiscus que par celui d’althaea.

 

Le Romain Virgile (Publius Vergilius Maro 70-19 av. JC) auteur de l’Enéide, parlait de l’hibiscus dans la dixième partie de  ses ‘’Bucoliques‘’ ou ‘’Eglogues‘’,  comme étant une plante à tige souple servant à la fabrication de corbeilles et de paniers.

  

Le Romain Pline dit l’ancien (23-79) qui mena en parallèle une vie militaire intense et littéraire très éclectique (historien – grammairien et botaniste, pour ne citer que ces disciplines) écrivait dans son 19ème livre (Son histoire naturelle en compte 37) au chapitre 5 que l’hibiscus est une plante qui se rapproche des ombellifères.

 

 

Selon Dioscoride donc, les mots ‘’althaea‘’ ou ‘’alcea‘’, tout comme celui d’hibiscus servaient à désigner la guimauve ou la mauve blanche voire … d’autres plantes plus ou moins ressemblantes.

 

Un autre mot, celui de ‘’Ketmie‘’ latinisé en ‘’ketmia‘’, d’origine arabe et formé à partir des mots arabes de ‘’Khatmi‘’ et ‘’khitmi‘’, désignait lui aussi la guimauve ou la mauve blanche, voire … d’autres plantes plus ou moins ressemblantes. De ce beau mélange de noms, c’est l’hibiscus qui a fini par l’emporter sur ses ‘’synonymes d’époque‘’ ; cependant pendant longtemps ‘’hibiscus‘’ et ‘’Ketmie‘’ furent employés l’un pour l’autre, et bien après 1753, comme le montre les planches qui suivent.

 

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         Quelques illustrations parmi les plus anciennes de l’hibiscus mutabilis.

Ces illustrations sont extraites de l’œuvre du botaniste Hollandais Rheed tot Drakestein Hendrik Adriaan van  (1636-1691) intitulée ‘’Hortus Indicus Malabricus – Volume 6‘’  paru en 1686.

Rheed avait alors appelé son hibiscus mutabilis : Hinna paretti et rapporté des noms locaux comme ‘’Rosa de Sina Portug…‘’ et ‘Madjani‘’.

 

Les mots de Ketmie et Ketmia viendraient de l’arabe khatmi, khitmi qui désignait, là encore, la guimauve. Celui de ‘’ketmia‘’ a été employé pour la première fois dans le ‘’Pinax Theatri Botanici‘’ p. 316 du botaniste Suisse Gaspard Bauhin ou Caspari Bauhini (1560-1624) paru en 1623.

 

Outre ces quatre mots (Alcea - Althaea - Ketmia et Ketmie) le genre hibiscus aurait pu s’appeler : Abelmoschus (1787), Bamia (), Bombycidendron () ou Bombycodendron, Brockmania (), Furcaria (), Hibiscadelphus (), Laguna (), Lagunea (), Pariti (), Paritium (), Talipariti (), Trionum (), Wilhelminia () pour ne citer que ces noms. Certains d’entre eux sont d’ailleurs devenus des synonymes d’hibiscus tandis que d’autres ont été rattachés à des genres voisins figurant dans la tribu ou sous-famille des ‘’Hibiscées‘’ ou ‘’Hibisceae‘’.

 

Pour conclure avec le genre ‘’Hibiscus‘’, sachez qu’il regrouperait plus de 200 espèces et … plus de 30.000 variétés ?!...

 

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                             Quelques illustrations d’hibiscus mutabilis.

Photo 1 : Une illustration d’un hibiscus mutabilis extraite de l’œuvre posthume du botaniste Allemand Georg Eberhard Rumphius (1627-1702) intitulée : ‘’Herbarium amboinense‘’ 4ème volume page 27 – planche 9  (Edité en 1750).

Photo 2 : Une illustration d’une Ketmie fleur changeante (hibiscus mutabilis) de l’illustrateur Jean Théodore Descourtilz (179 ?-1855). Cette image est extraite de ‘’Flore pittoresque et médicale des Antilles ou Traité des plantes usuelles des colonies Françaises, Anglaises, Espagnole et Portugaises‘’ Volume 4 – page 171, planche 270, une œuvre du botaniste français Michel Etienne Descourtilz (1777-1835). (Père de l’illustrateur) - (Edité en 1827)

Photo 3 : Une illustration d’un hibiscus mutabilis à fleur double, extraite de ‘’The botanist’s repository’’ volume 4 - planche 228, du botaniste illustrateur Britannique Henry Charles Andrews (1794-1830) (Edité en 1802-1803).

Photo 4 : Une illustration d’un hibiscus mutabilis à fleur double extraite de ‘’Flora de Filipinas gran édición – Atlas I‘’ du Jésuite botaniste espagnole Francisco Manuel Blanco (1778/80-1845). (Edité en 1880-1883).                                                             

 

L’Hibiscus mutabilis L. - ชบาพุดตาน (put tarn) en tant que tel …

… a été décrit pour la première fois dans le ‘’Species Plantarum II‘’ page 694, de Linné – paru en 1753

 

L’espèce mutabilis :

 

Mutabilis ressemble aux mots français : mutable, mutant, mutation et surtout muter, muer et mue. Tous ces mots se rapportent à la racine ‘’mu‘’ qui est liée à l’idée de changement et d’échange. Muer et muter viennent du latin ‘’mutare‘’ qui signifie … changer.

Le nom de cette espèce vient donc du fait que la couleur des fleurs change au cours de la journée. Elles naissent blanches puis virent au rose pour se parer de la couleur rouge. Tous ces changements de couleurs se font au cours d’une seule et unique journée. L’espèce n’a donc pas volé son nom de mutabilis, et pour certains français de ‘’Caprice de femme‘’, (*) un nom qui, d’après quelques uns de ces derniers, soulignerait l’humeur changeante des femmes ?!...

 

(*) Au début du XIXe siècle, à la Martinique, une marquise bon chic bon genre, mais sans point commun avec la précieuse ridicule, précise l’auteur, n’appréciait pas certains des noms donnés à l’hibiscus mutabilis, en particulier … ‘’Caprice de femme‘’. Car selon elle, ces noms quelque peu misogyne portaient atteinte à la dignité féminine ; alors d’autorité, elle baptisa l’hibiscus mutabilis …. La fleur … ‘’caméléone‘’ ?!....

Un nom, non sans humour, que je n’ai trouvé que dans l’ouvrage de  Michel Etienne Descourtilz !... De ce fait je me suis abstenu de le prendre en considération, n’en déplaise à la marquise … bon chic bon genre qui, vus les siècles qui nous séparent, ne devrait pas m’en porter rigueur ?!... Mais l’anecdote, qui ne manque pas de sel, méritait d’être rapportée, non ?....

 

Quelques uns des noms vernaculaires de l’hibiscus mutabilis :

 

Filziger Roseneibisch (Allemagne) – Confederate rose - Cotton Rosemallow – Dixie rosemallow -  (Angleterre) – fú róng (mou-fou-yong) - (芙蓉) (Chine) – Malva rosa (Espagne) – Caprice de femme - Caractère des dames – Passe rose – Rose changeante de Cayenne - Rose merveilleuse – Rose de Chine (France) - Gyapotrozsa (Hongrie) – Jasut (Bengali) – Joba (Gujarati) - Marathi – jasvandi (Hindi) – Dasavala (Malayam) – Japa (Tamil) (Inde) - Waru Landak (Indonésie) – Fuyô (Fouyao) - (Japon) - Baru landak - Botan (Malaisie) – Rosa-louca – Malva-rosa – Aurora – Amor-dos-homens – mimo-de-vénus – papoila – papoula-de-duas-cores – rosa-branca – rosa mudança – Rosa-de-sāo-Francisco (Portugal) – Jasum - Malaka (Sanscrit) - Bomullshibiskus (Suède) – Chaba Put tan (ชบาพุดตาน) (Thailande) - Phù dung - phù dung thân gỗ - phù dung núi - hoa phù dung - (Vietnam)

 

 

Les tout premiers noms botaniques de l’hibiscus mutabilis :

(Cette liste est loin d’être exhausive.)

 

- Rosa sinensis Ferrari Giovanni Bapttista (1584-1655) (1633)

  De Florum Cultura Libri IV – page 479

- Malva rosea arborea Indica Parkinson John (1567-1650) – (1629)

  Paradisi in Sole paradises terrestris – page 370.

- Hinna paretti (1686)

  Rheed tot Drakestein Hendrik Adriaan van  (1636-1691)

  Hortus Indicus Malabricus – Volume 6

- Althea arborea rosea sinensis nobis – Morison Robert (1620-1683)

  Plantarum Historiæ Universalis Oxoniensis pars secunda (1680)

  Page 530 – alinéa 2

- Alcea arborescens japonica (flore mutabilis) (1689)

  Jacobus Breynius (1637-1697)

  Prodomus Fasciculi Rariorum Plantarum II. Page 40 - 3ème alinéa.

- Flos horarius Rumph Georgh

  Herbarium amboinense – Volume 4 – page 27 (1743)

  (Amboine est l’île la plus importante de l’archipel des Moluques.)

- Ketmia sinensis fructu subrotundo flore pleno Tournefort

  Institutiones Rei Herbariae

 

 

Les synonymes de l’hibiscus mutabilis :

 

Nota : Le chiffre final entre parenthèse correspond au numéro d’ordre de l’ouvrage où est cité le dit synonyme. Pour retrouver cet ouvrage il suffit de se reporter au tableau qui suit la liste des synonymes.

 

- Hibiscus mutabilis L. (1753) (01)

- Hibiscus sinensis Miller Philip (1691-1771) (1768) (02)

- Hibiscus malvarosa Noronha (Noroña Francisco) (1748-1788) (1790) (03)

- Hibiscus javanicua Weinmann Johann Anton (1782-1858) (1828) (04)

- Hibiscus immutabilis Walpers Wilhelm Gerhard (1816-1853) (1836) (05)

- Hibiscus immutabilis (ex Walpers) Dehnhardt Friedrich (1787-1870) (1836) (06)

- Abelmoschus venustus Walpers Wilhelm Gerhard (1816-1853) (1842) (07)

- Hibiscus mutabilis f. spontanea Makino Tomitaro (1862-1957) (1940) (08),

- Hibiscus mutabilis f.plenus Andrews de Shiu-Ying Hu (1910-2012) (1955) (09)

- Ketmia mutabilis (L) Moench Conrad (1744-1805) (1794) (10)

- Abelmoschus mutabilis (L.) Wallich ex Hassk. (1844) (11)

 

Les synonymes invalides :

- Hibiscus mutabilis f. versilor Makino Tomitaro (1862-1957) (1940) (12)

- Hibiscus aestuans Wall. List Wallich Nathaniel (1786-1854) (1828) (13)

 

Les synonymes en suspend :

- Hibiscus aestuans Rottler ex Masters, (1875) (14)

 

             Références des ouvrages concernant les synonymes ci-dessus

01/ Species Plantarum II - édition de 1753 - Pl. 694

02/ Gardens dictionary Botanical Prints 8ème edition n.2

03/ Verhandelingen Van Het Bataviaasch Genootschap Der Kunsten Volume 5

      (Art. 4): 17

04/ Sylloge Plantarum Novarum II – p.172

05/ Repertorium botanices systematic (Walpers) : Volume 1 – page 307 alinéa 54

06/ Memorie di Federigo Dehnhardt sopra alcune piante nuove. (o non bene illustrate

       che han fiorito nel giardino del Signor Conte di Camaldoli Ricciardi al Vomero

       presso Napoli) p4

07/ Repertorium botanices systematic (Walpers) : Volume 1 – p. 309 6 alinea 20

08/ Jissai Engei 26 : 675. (Ouvrage Japonais que je n’ai pu vérifier)

09/ Flora of China Family 153 (famille des malvaceae): page 50 alinéa 10a.

10/ Methodus Plantas horti botanici et agri Marburgensis – Volume 2 - p.617 & 618

11/ Catalogus Plantarum in Horto Botanico Bogoriensi cultarum alter. (Justus Carl

       Hasskarl) page 198 – alinéa 11 du chapitre 880.

12/ Jissai Engei 26 : 676. (Ouvrage Japonais que je n’ai pu vérifier)

13/ Liste manuscrite de Wallich. – page 90 – n° d’ordre 1908

14/ The flora of British India [Joseph Dalton Hooker] volume I p. 344.

 

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Photo 1 : Une encre et couleurs sur papier de 40 x 58 cm de Yun Shouping (1633-1690) (惲壽平) dit Nantian (南田) (Début de la dynastie des Qing – 1644-1911) représentant une … pivoine (牡丹) qu’il ne faut pas confondre avec … l’hibiscus mutabilis à fleur double. (Muséum National de Taipei.)

Photo 2 : Une carte situant l’aire d’origine de l’hibiscus mutabilis. Cette aire s’est ensuite étendue vers le nord (Japon) et, vers le sud (Vietnam, Cambodge, Thaïlande et Malaisie). Ensuite ce sera l’Inde et les terres contigües à l’océan Indien.

Puis avec l’arrivée des portugais et des espagnoles en Extrême-Orient l’hibiscus mutabilis va coloniser les terres colonisées par les européens.

Photo 3 : Une encre et couleurs sur soie de 25 x 26,2 cm d’un anonyme datant de la période des Song (960-1279). Il s’agit d’un … hibiscus mutabilis à fleur simple, c’est-à-dire à 5 pétales.

 

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             L’hibiscus mutabilis peint par des artistes contemporains chinois.

Photo 1 : ‘’Hibiscus mutabilis‘’ une œuvre sur papier de riz de 40 x 40 cm de Meng Hao Liang (孟浩良), un peintre originaire de Changshu, province de Jiangsu où se trouve la ville de … Suzhou ?!.... 

Photo 2 : ‘’Hibiscus mutabilis‘’ une œuvre sur papier de riz de 66 x 130 cm de Wen Xiu (文秀) (1972), un peintre originaire de Qingdao, province de Shandong sur la côte méridionale de la Chine.

Photo 3 : ‘’Hibiscus mutabilis‘’ une œuvre sur papier de riz de 40 x 45 cm de Ren Xian Yu (任宪玉) (1979), un peintre originaire de Weifang, province de Shandong sur la côte méridionale de la Chine.

Nota bene : Ces trois œuvres sont présentées par : InkDance Chinese Painting Gallery.

 

L’origine de l’Hibiscus mutabilis :

 

Cette plante serait originaire du sud de la Chine (Yunnan) (*), de la chine méridionale, du Japon, de la côte vietnamienne, de la Malaisie et de Java ; voire vraisemblablement, du Cambodge et du sud de la Thaïlande.

 

J’en ai vu très peu dans et autour de Chiang-Mai ?!....

 

Pour ma part c’est à Suzhou, une ville chinoise non loin de Shanghai et, souvent comparée à Venise parce que sillonnée de canaux, que j’ai remarqué, en bord de route, et pour la première fois l’hibiscus mutabilis.

 

Puis, toujours à Suzhou, dans le parc de la pagode Ruiguang (瑞光塔) la pagode de la lumière de bon augure, une haie d’hibiscus mutabilis s’est offerte à ma vue.

 

Le géographe français d’origine danoise, Conrad Malte-brun (1775-1826), suite à un voyage en Chine, écrit que l’hibiscus mutabilis forme des petits bois, comme le tuya orientalis ou le saule pleureur.

 

(*) Certains textes disent que l’hibiscus mutabilis serait originaire du Zhejiang, une province méridionale au sud de Shanghai, dont Hangzhou est la ville principale. A 150 kilomètres au nord de Hangzhou il y a …  Suzhou.

 

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          Suzhou et l’un de ses bouquets d’hibiscus mutabilis un 24 octobre 2014

Photo 1 : la pagode Rui Guang (瑞光塔)

Photo 2 : Le parc de la pagode Rui Guang ou de la porte fluviale de Panmen 盤門

Photo 3 : La haie d’hibiscus mutabilis flora plena du parc de la porte Panmen en octobre 2014.

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Cette image n’est pas la représentation d’une toile mais d’une broderie dite ‘’peinture à l’aiguille‘’. Cette technique, qui date du VIIIe avant JC, était encore très en vogue à Suzhou et sa région d’où elle serait originaire. L’un des thèmes très prisé par les brodeuses était  … l’hibiscus mutabilis ?!...

La broderie dite ‘’peinture à l’aiguille‘’ est un art qui consiste à reproduire avec précision, au moyen d’un fil de soie, et selon la méthode du fil unique des motifs décoratifs, voire des œuvres peintes de deux mètres sur deux. (*) En Europe elle connue son heure de gloire au XVII & XVIIIe siècle.

(*) Voir en fin de chronique quelques photos à ce sujet.

 


DESCRIPTION de l’Hibiscus mutabilis :

 

L’hibiscus mutabilis est un arbrisseau rameux se composant, à l’état sauvage, d’une dizaine de rameaux. Ces tiges sont effilées, et mesurent environ 2/3 centimètres de diamètre. Elles peuvent atteindre des hauteurs qui varient entre 2 et 5 mètres de long.

Ces tiges sont en général rectilignes et de couleur brun clair.

 

La seconde écorce de ces tiges ou mini-tronc de l’hibiscus mutabilis sert, en certaines régions comme la Guyane par exemple, à faire des cordages, et en d’autre des ‘’vêtements‘’, tissés ou non.

 

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La feuille de l’Hibiscus mutabilis :

 

La feuille de l’hibiscus mutabilis n’est pas sans rappeler celle du platane. Elle est de forme palmatiforme, (forme d’une main), c’est-à-dire presque palmée. Elle présente cinq angles pointus dont les trois antérieurs sont les plus grands, et son contour est inégalement denté.

 

Cette feuille mesure, de la base de sa nervure centrale à son apex, plus ou moins quinze centimètres et de part et d’autre de ses deux pointes latérales opposées, plus ou moins 18 centimètres.

 

La feuille de l’hibiscus mutabilis est dotée d’un très long pétiole, légèrement cotonneux et d’une bonne vingtaine de centimètres. Du sommet du pétiole partent sept nervures dont cinq d’entre elles vont rejoindre l’une des cinq pointes du limbe. De ces nervures longitudinales, naissent des nervures secondaires latérales. Toutes ces nervures sont en bosse des deux côtés de la feuille, mais plus particulièrement sous le dessous de la feuille.

 

Le dessus de la feuille est de couleur verte et le dessous d’un vert plus pâle recouvert d’un très léger duvet tomenteux.

    

Les feuilles sont alternes, c’est-à-dire reliées à leur tige indépendamment de leurs consœurs, donc à des niveaux différents.

 

Médicalement :

- les feuilles seraient appliquées sur les tumeurs ?!...

- Les indiens composent une pate à base de feuilles d’hibiscus mutabilis qu’ils appliquent sur le cuir chevelu et laisse agir une heure durant environ. Après une bonne douche les cheveux seraient revitalisés et éventuellement débarrassés de leurs poux.

- Les feuilles d’hibiscus mutabilis seraient un excellent antidiabétique. Des recherches sont faites aujourd’hui pour soigner le diabète avec un extrait de feuilles d’hibiscus mutabilis séchées et réduit en poudre ?!...

 

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La fleur de l’Hibiscus mutabilis :

 

L’une des particularités de l’hibiscus mutabilis concerne ses fleurs qui changent de couleur en cours de journée. Elles passent du blanc ou rose, du rose au rouge et puis se fanent. A noter, comme le montre les photos jointes qu’elles peuvent naître de couleur rose. De cette particularité l’hibiscus mutabilis fut appelé par ses tout premiers ‘’découvreurs‘’ : ‘’Flos horarutë‘’, ‘’fleur d’une heure‘’, ‘’fleur d’un jour‘’, ‘’ketmie changeante‘’, j’en passe et des meilleurs.

  

D’après le botaniste français Edouard Spach (1801-1879) le changement de couleur viendrait d’une oxydation que favorise une bonne luminosité ambiante, car en temps pluvieux ou sombre, poursuit-il, les fleurs restent blanches jusqu’au soir. ‘’Tome III, page 378, de son histoire naturelle des végétaux‘’. (1834)

 

Une autre observation précise que cette fleur, à l’air libre, aurait une durée de vie d’un jour, d’où son nom de ‘’fleur d’un jour‘’ mais qu’en serre elle garderait son éclat entre cinq à huit jours ?!... cette observation date du début du XVIIIe siècle.

 

Il y a fort à parier qu’aujourd’hui la fleur doit rester … en vie plus longtemps grâce ou à cause (C’est selon) des produits chimiques que vendent les magasins spécialisés.   

 

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La fleur de l’hibiscus mutabilis peut être axillaire, c’est-à-dire naissant à partir de l’aisselle d’une feuille ; ou terminale c’est-à-dire naissant au sommet d’un rameau mais en corymbe, c’est-à-dire sous forme d’inflorescence ; l’inflorescence étant la réunion de plusieurs fleurs sur une même tige.

 

Un pédoncule d’environ 8 à 10 centimètres relie la fleur à sa tige.

La fleur est dotée à sa base d’un calicule, genre de collier, constitué par 8 à 10 folioles (petites feuilles). Suit le calice composé de cinq sépales ovales et acuminés à leur extrémité.

 

La corolle, pentapétales, comme son nom l’indique, se compose de cinq pétales presque orbiculaires de 4 à 5 centimètres de diamètre. La variété ‘’flora plena‘’ désigne une fleur double c’est-à-dire développant une dizaine de pétales.

 

La colonne staminale ou androcéenne ayant été décrite à l’occasion du genre, nous n’y reviendrons pas.

 

A l’intérieur de cette colonne ou tube végétal, d’environ 2,5 à 3 centimètres de long, passent 5 styles qui chacun part d’une des cinq loges de l’ovaire ; un ovaire qui, dans le cas de l’hibiscus est supère, ce qui signifie qu’il est situé au-dessus de l’implantation des pétales et non, au-dessous.

 

Le diamètre des fleurs épanouies varie entre 13/18 centimètres.

 

 

Médicalement les fleurs sont utilisées pour éliminer les sources irritantes (Phlegmasie) – Elles servent à confectionner des tisanes pour guérir les toux, les mauvaises respirations. (Tisanes béchiques et adoucissantes ou infusions pectorales pour guérir les affections pulmonaires.). Elles entrent aussi dans la composition de cataplasmes émollients.

 

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Le fruit de l’Hibiscus mutabilis :

 

Lorsque la fleur se fane elle se détache et sèche au sol. Au fil des jours les sépales et les pétales vont libérer le fruit.

Le fruit est une petite capsule déhiscente (s’ouvrant spontanément le moment venu) en forme de petite orange d’environ 25 mm de diamètre.

A l’intérieur du fruit il y a cinq lobes, qui chacun contient plusieurs graines ; des graines brunes entourées de petites soies.

Ces graines réniformes (En forme de rein) sont libérées lors de la déhiscence de la capsule.

 

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Photo 1 : Planche revue et annotée n° 62 (LXII), du 1er (3) volume du botaniste espagnol Antonio José Cavanilles (1745-1804) intitulé ‘’Monadelphiae classis dissertationes decem. (Texte page 165 chapitre 244). (Edité en 1787).

Photo 2 : La corolle de la fleur est tombée, alors apparait l’ovule.

Photo 3 : Une fleur au sol dont l’ovule fruit ne donnera jamais de fruit et encore moins de graine.

Photo 4 : Le fruit en gros plan avant son ouverture (déhiscence).

 

Pour la petite histoire et l’anecdote :

 

A/ Les européens ont d’abord connu l’hibiscus mutabilis par le biais du papier peint venu de chine. C’était un papier illustré de fleurs … d’hibiscus mutabilis.

 

La plante ne fera son entrée en nos contrés qu’en 1690 ; année lors de laquelle M.Bentinck (*) l’importa en Angleterre.

 

B/ L’auteur de la chanson ‘’il pleut bergère‘’, Fabre d’Eglantine (1750-1794)  fut à l’origine du calendrier révolutionnaire ou républicain (1793). La particularité de ce calendrier était de faire correspondre les mois avec l’état de la saison lui correspondant le mieux. Ainsi le 7ème mois, le mois de Juillet devenait ‘’messidor‘’ c’est-à-dire le mois des moissons.

 

Au Japon, depuis fort longtemps, il était d’usage de se référer aux fleurs, et aux fruits pour indiquer les mois. Les villes d’importantes avaient leur … ‘’Florichronomètre‘’.

Ainsi le ‘’florichronomètre de la ville d’Y Edo‘’ (Aujourd’hui Tokio) pour son 7ème mois prenait en compte la floraison : de l’eupatone (Eupatorium chinense), du haricot (**) (Dolichos hirsutus) et … de la guimauve (Hibiscus mutabilis).

La ville d’Osaka elle, se référait uniquement à la guimauve (Hibiscus mutabilis).

Le néerlandais Edouard Fraissinet (1817-1883) auteur de ‘’Le Japon‘’ (1857) livre où j’ai puisé ce qui précède, précise que : la fleuraison correspond au temps durant lequel la plante reste en fleur ; alors que la floraison correspond à l’époque durant laquelle des plantes d’une même espèce se mettent à fleurir.      

 

B/ En feuilletant l’histoire du costume (Edité en 1888) d’Albert Racinet (1825-1893) on apprend qu’en certaines îles de l’Océanie les femmes portaient une espèce de jupe en fibres d’hibiscus (Non tissées) dont l’objet était de cacher des tatouages que seuls les maris pouvaient voir ?!...

 

(*) Il n’est pas improbable que ce … M.Bentinck soit  Hans Willem Bentinck (1649-1709) premier comte de Portland, favori de Guillaume III d’Orange (1650-1702) et célèbre collectionneur de plantes au point d’avoir un magnifique jardin botanique à Sorgvliet près de La Haye.

Il aurait introduit de nombreuses espèces comme le ‘’Geranium rosat‘’ provenant du cap de bonne espérance (Pointe de l’Afrique du sud.). Certaines de ces plantes avant d’arrivées en Angleterre seraient passées par la Hollande, comme par exemple … l’ananas.

Nota : Guillaume III d’Orange (1650-1702) devient roi d’Angleterre le 13/02/1689. Un an plus tard ou presque !... en 1690 l’hibiscus mutabilis était introduit en Angleterre.

Il reste à savoir si c’était avec le ‘’Geranium rosat‘’ ou … Via la Hollande ?!...  Je n’ai rien trouvé me permettant de le préciser.

(**) Il existe au Japon une friandise au haricot entier … délicieuse !...

  

                            La broderie dite ‘’peinture à l’aiguille‘’

                          (À ne pas assimiler ou confondre avec le canevas.)

Photos tirées de l’exposition de novembre 2012 à la Galerie de la reine de Bangkok.(Cette exposition mettait en parallèle un tableau avec sa broderie peinture à l’aiguille)

   HIB 044.JPG

 

 HIB 045.JPG  HIB 046.JPG  HIB 047.JPG
 

Photo 1 : Entrée du Hall de la ‘’Galerie de la reine‘’.

Je ne sais plus si le tableau (huile sur toile) est à droite ou à gauche et … vice versa pour la broderie dite peinture à l’aiguille.

L’œuvre peinte ‘’Source de vie‘’ (ป่าต้นน้ำลำธาร) vient du Chitralada Palace de Bangkok, (พระตำหนักจิตรลดารโหฐาน) une des résidences du Roi de Thaïlande et les ‘’petites mains‘’ sont issues de l’association royale de  Chulabhorn de Khok Kian province de Narathiwat enseignant la broderie dite peinture à l’aiguille. (กลุ่มครูสอนปักผ้าค่ายจุฬาภรณ์).

Photo 2-3-4 : Lors de cette exposition il y avait une salle de démonstration de … broderie dite peinture à l’aiguille.

 

Petite précision avant de vous quitter :

 

L’objet de cette chronique n’est pas de donner des conseils sur la culture et l’entretien de l’hibiscus mutabilis. Mais vous pouvez en demander car un lecteur peut vous répondre et vous en donner.

 

Cependant nombre de sites, tenus par des professionnels de l’horticulture ne manquent pas, et leurs conseils comptent parmi les meilleurs. Mais … mais …ce n’est pas chez eux que vous découvrirez tout ce que je viens de vous raconter ?!...

 

A chacun sa spécificité, eux sont des experts en pratique et moi dans l’art d’aller fouiner dans des livres d’hier et d’aujourd’hui !...

 

 

En espérant vous avoir intéressé et en remerciant le lecteur botaniste qui m’a mis sur la piste de l’hibiscus mutabilis …. Bien à vous.

 

 

 

 

                                                                        Jean de la Mainate Novembre 2015

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



08/12/2015
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